les projecteurs s'allument quand il appuie sur l'interrupteur,  il a pas le droit d'être ici, mais il a pas peur. depuis les coulisses il entend les premières notes du piano, le frissons grimpent le long de son cou. il joue bien, le con, pense-t-il alors. il retrouve le jeune homme sur scène, ses pas résonnent dans tout l'auditorium. billy est joueur, alors il va se poser près de lui et ensemble, ils jouent un morceau. ils essaient, du moins, mais c'est pas franchement gagné. ils arrivent pas à se coordonner. au final, la douce mélodie se transforme en chant discordant. billy arrête le massacre, jake ne continue pas à jouer non plus. ils font que se regarder un instant, dans le blanc des yeux, sans mot dire. ils restent immobiles, les mains sur les genoux, les lèvres un peu humides. billy ne regarde pas jake de la même façon qu'il ne le regarde lui. il sort un sourire, un petit rire étouffé, en détournant le regard. il lève les yeux au ciel puis se remet à jouer en le poussant un peu du siège. il joue son morceau favori au piano, say something. il se met à chanter et ils rigolent ensemble à chaque fin de vers. jake chante la partie de christina, lui qui a pourtant la voix la plus grave. ils se regardent de nouveau, les yeux plein d'étoiles, ceux de billy gorgés de malice et de moquerie.

mais ils tombent dans la musique et n'arrivent plus à s'en sortir. ils chantent maintenant avec le cœur, c'est venu comme ça, à la fin du premier refrain, les voix se marient, s'entremêlent, l'union est parfaite. dernière note qui fait écho. billy souffle et sourit à pleine dents. il a trouvé ça beau, au final. jake le fixe encore, le même regard, chargé d'étoiles. puis il l'embrasse. jake brise le silence, le geste dit tout ce qu'il a sur le cœur. le baiser s'allonge, billy ferme les yeux et pose une main sur sa joue qui glisse sur sa nuque. les langues se lovent entre elles, puis ils brisent le lien. ils se regardent derechef, les joues roses, les yeux qui pétillent. billy retire sa main et se mord la lèvre inférieure, comme pour retrouver le goût des siennes. ils rient encore en chœur, puis il y a le silence encore, puis ils s'embrassent avec plus d'ardeur. le téléphone  de billy se met à sonner, c'est sa mère, elle est juive. et comme toutes les mères juives, elle s'inquiète. il se rend compte qu'il a raté douze appels d'elle. elle le laissera définitivement jamais respirer. j'dois filer, il est tard et j'crois que mes parents organisent un dîner avec des gens de la haute ce soir, un truc qui promet d'être bien chiant. il se lève, défait le nœud de sa veste qu'il avait attaché à autour de la hanche et l'enfile. ils vont te faire chanter un classique d'opéra ? le pire c'est qu'ils en sont capables. rire partagé. j'peux venir, peut-être. silence roi qui revient. la main de billy face se poser sur son crâne rasé puis longe l'arrête de son nez couverte d'un pansement. mes parents t'apprécieraient pas trop, m'sieur je-me-suis-cassé-le-nez-dans-une-bagarre-de-rue. il lui attrape la main et pause sa bouche sur le dos de celle-ci. j'peux aussi être un vrai gentleman quand il faut, faut pas croire. billy reprend sa main en roulant des yeux. on se voit aux sectionals mister walsh. fait-il alors avec un accent bourgeois exagéré. puis il lui tourne les dos, disparaît dans l'angle et les projecteurs s'éteignent tous sur lui.